Des possibilités au-delà des barrières : le parcours de Colleen Hayes dans la bioéconomie
La réussite professionnelle dépend souvent de la façon de voir les choses. Certains se concentrent sur les obstacles, tandis que d’autres reconnaissent les possibilités. Colleen Hayes est une professionnelle aveugle qui s’épanouit dans le secteur des biosciences. Dans son parcours, elle a démontré que l’accessibilité n’est pas seulement un défi, mais aussi un atout qui stimule l’innovation et favorise l’inclusion.
Colleen n’a pas suivi le parcours habituel pour accéder à la bioéconomie.
« J’ai fait la transition vers le secteur des biosciences en 2017 lorsque je me suis jointe à BioTalent Canada, se souvient-elle. Auparavant, j’avais obtenu un diplôme en psychologie et travaillé dans la vente et le marketing. Mon premier contact avec les biosciences résulte d’une coïncidence, car je m’occupais des ventes publicitaires pour une publication canadienne de l’industrie des biotechnologies. »
Ce qui a commencé comme une situation fortuite s’est transformé en une carrière enrichissante.
« J’ai commencé à BioTalent Canada dans un poste de représentante des programmes de sensibilisation, ajoute-t-elle. Mon rôle principal consistait à communiquer avec des organisations des biosciences pour leur faire connaître les programmes de financement pouvant les aider à recruter des talents et, en fin de compte, à faire prospérer leur entreprise. »
Au fil du temps, ce rôle a évolué, et elle dirige maintenant l’équipe de gestion des programmes de sensibilisation de BioTalent Canada, tout en étant la présidente du comité IDÉA (inclusion, diversité, équité et accessibilité) de l’organisation.
Briser les barrières dans le milieu de travail
Contrairement à de nombreuses personnes dans le secteur des biosciences, Colleen n’a pas été confrontée à des obstacles d’accessibilité liés au travail en laboratoire, mais elle a quand même dû apporter des ajustements.
« Mon poste était loin d’un rôle traditionnel en biosciences – comme du travail de laboratoire –, si bien que j’ai vraiment été confrontée à peu de défis liés à mon handicap, reconnaît-elle. En tant que personne aveugle utilisant un logiciel de lecture d’écran pour accéder à l’information et l’utiliser, je maîtrisais déjà parfaitement cette technologie. »
Son défi ne résidait pas tant dans sa capacité à effectuer ses tâches, mais plutôt dans la nécessité d’assurer une transition en douceur vers une nouvelle industrie.
« Pendant l’entrevue, les dirigeants m’ont demandé de décrire les accommodements dont j’aurais besoin si j’étais embauchée. Ils m’ont aussi fait parvenir la documentation pertinente avant mon entrée en fonction pour assurer que je me sente bien préparée. J’ai aimé leur engagement à soutenir ma transition en douceur et ai été tout aussi ouverte et transparente quant aux accommodements qui m’aideraient à réussir. »
Plaidoyer pour l’inclusion et la sensibilisation
Colleen est rapidement devenue une championne de l’accessibilité sur son lieu de travail, non seulement pour elle-même, mais aussi pour d’autres personnes qui pourraient affronter des obstacles similaires.
« J’ai toujours été ouverte au sujet de mon handicap et j’encourage activement mes collègues à me poser des questions pour favoriser une meilleure compréhension et assurer que je reçoive le soutien approprié. »
Son approche était pratique. Elle a démontré le fonctionnement de son logiciel de lecture d’écran pour permettre à ses collègues d’expérimenter ce qu’elle entend et de mieux comprendre les outils qu’elle utilise pour naviguer dans un environnement numérique.
Colleen a également dirigé un exercice au cours duquel des membres de l’équipe se sont bandé les yeux et se sont promenés dans le bureau avec un guide voyant. Cela leur a permis de découvrir ce que l’on ressent lorsqu’on se déplace sans voir et a changé la façon dont ses collègues abordaient et comprenaient l’accessibilité.
« Mes collègues sont même devenus sensibles aux documents et aux sites Web externes et notent tout matériel qui semble inaccessible. Cette sensibilisation accrue a contribué à rendre notre milieu de travail plus inclusif et solidaire, ce qui, en retour, a eu une incidence positive sur notre réussite globale et notre collaboration. »
Changer les perceptions fausses des employeurs
L’hésitation des employeurs constitue l’un des principaux obstacles à l’accessibilité dans les milieux de travail.
« J’ai souvent vu cette perception fausse chez les employeurs que les accommodements pour des employés handicapés s’avèrent un processus coûteux et accablant. En réalité, de nombreux accommodements sont faciles à mettre en place, peu coûteux, et peuvent être adaptés aux besoins de chacun. »
Elle souligne que l’embauche de personnes handicapées ne constitue pas un risque, mais s’avère un avantage stratégique.
« Les personnes handicapées sont généralement très dévouées, ingénieuses et déterminées à obtenir des résultats. Elles ont souvent des solutions en tête et peuvent fournir des conseils sur la meilleure façon de les soutenir. »
Un milieu de travail qui prêche par l’exemple
Pour BioTalent Canada, l’inclusion était déjà bien ancrée dans sa culture, et la présence de Colleen a contribué à renforcer cet engagement.
« De mon point de vue, j’ai toujours eu le sentiment que l’inclusion faisait partie de BioTalent Canada, même lorsque nous n’étions qu’une petite équipe de sept personnes. Bien qu’il y ait désormais une plus grande prise de conscience de ma situation et de mes besoins spécifiques, la direction a toujours été solidaire et investie dans la réussite de chaque membre de l’équipe. »
Elle croit que de petits pas peuvent avoir une incidence importante sur l’amélioration de l’accessibilité dans le secteur des biosciences.
« Les employeurs ne devraient pas craindre de “ne pas savoir”. Simplement en demandant “Comment puis-je vous être utile?”, ils démontrent un véritable engagement envers l’accessibilité. Ce petit pas en avant peut avoir des conséquences énormes. »
L’importance de recruter en fonction du talent, et non des suppositions
Au-delà de l’inclusion, Colleen souligne l’occasion pour les employeurs des biosciences de reconnaître le potentiel des bassins de talents issus de la diversité. Les employeurs du secteur devraient d’abord reconnaître les personnes handicapées talentueuses et hautement qualifiées qui recherchent activement des occasions de mettre à profit leurs compétences et leurs capacités novatrices au sein d’une organisation.
Le véritable avantage, note-t-elle, est la manière unique dont les personnes handicapées abordent la résolution de problèmes.
« Les moyens qu’elles doivent concevoir tous les jours pour s’adapter et relever les défis les amènent souvent à aborder les problèmes, grands ou petits, avec créativité et innovation. Cette approche leur permet de présenter des points de vue différents qui peuvent favoriser la croissance et l’efficacité. »
Pour les employeurs qui cherchent à améliorer l’inclusion dans leur main-d’œuvre, le point essentiel à retenir est simple : embaucher des personnes handicapées ne consiste pas à remplir des quotas; c’est investir dans des personnes qui apportent de la résilience, de la créativité et des points de vue uniques dans le milieu de travail.
Pour en savoir plus sur la manière dont le programme InterAction pour le changement dans la bioéconomie favorise l’inclusion, allez à biotalent.ca.