Le développement de l’infrastructure vaccinale au Canada en prévision des pandémies futures dépendra de notre capacité à combler les besoins de main-d’œuvre en bioéconomie

 

Précédemment publié dans le Hill Times le 13 septembre 2021– Après avoir vu le Canada dépendre entièrement de partenaires internationaux pour obtenir ses vaccins contre la COVID-19, il est encourageant de voir notre pays investir massivement dans des projets d’infrastructure visant à assurer notre indépendance vaccinale en prévision des pandémies futures.

Le Canada a été chanceux de pouvoir réserver des stocks importants de vaccins anti-COVID-19 provenant d’autres pays, mais la concurrence effrénée sur les tarmacs des aéroports du monde entier a fait ressortir l’importance de développer notre capacité à concevoir et à fabriquer des vaccins ici même, pour les années à venir.

Nous devons être mieux préparés à contrôler notre sort, non seulement pour combattre la COVID-19, mais aussi pour protéger la santé et la sécurité des Canadiens contre les maladies et les virus du futur qui pourraient menacer notre sécurité.

À cette fin, il est essentiel de mettre en place une infrastructure bioscientifique, comme des usines de biofabrication, des laboratoires et autres installations de production, pour reconstruire notre capacité nationale à fabriquer des vaccins et stimuler la bioéconomie. Cependant, il ne suffira pas de construire des bâtiments pour atteindre ces objectifs.

Le Canada a un besoin important d’un grand nombre de personnes hautement qualifiées pour travailler dans ces laboratoires et ces installations de fabrication. Il est essentiel de constituer un solide bassin de talents en bioéconomie pour pouvoir compter sur une main-d’œuvre qualifiée, prête à relever les complexités inhérentes à la conception et au développement de vaccins et de médicaments. Malheureusement, nous accusons déjà un sérieux retard.

La bioéconomie du Canada est aux prises avec une grave pénurie de main-d’œuvre. Les initiatives visant à promouvoir la fabrication de vaccins au Canada ne feront qu’exacerber le problème, à moins que nous n’agissions rapidement.

BioTalent Canada a soulevé cet enjeu bien avant la pandémie actuelle. Son rôle consiste à rapprocher les talents prêts à l’emploi et les employeurs du secteur de la biosanté. Elle soutient les personnes derrière la science essentielle, en tant que fournisseur de renseignements fiables sur le marché du travail dans le secteur de la bioéconomie.

Depuis 2018, BioTalent Canada effectue une étude approfondie sur le marché du travail dans le secteur de la bioéconomie. Voici quelques données dévoilées dans le rapport complet sur l’offre et la demande publié en octobre 2021.

D’après les résultats de notre étude, le Canada aura besoin de 5 160 employés supplémentaires dans la fabrication et la production de produits de biosanté d’ici la fin de cette décennie. Les fonctions de mise en marché des produits, notamment la distribution, la logistique et l’assurance qualité, requerront 3 780 employés de plus.

Ces projections sont basées sur les tendances actuelles et excluent l’essor indispensable dans le secteur, qui stimulera davantage la demande.

À moins que le Canada ne prenne des mesures dès maintenant pour assurer un approvisionnement continu de talents en bioéconomie, il ne sera pas prêt pour la prochaine crise. C’est la dure réalité!

Que pouvons-nous faire pour inverser la tendance?

D’après les résultats de notre étude, commencée avant la pandémie et adaptée en cours de route pour tenir compte de l’évolution du marché, il y a un besoin urgent d’accélérer le développement des compétences et le soutien aux organisations afin d’assurer qu’il y aura suffisamment de talents aptes à pourvoir les postes essentiels en biofabrication.

Nous devons diversifier le recrutement pour atteindre un bassin de talents plus large, notamment les nouveaux arrivants, les professionnels formés à l’étranger, les Autochtones et les personnes en situation de handicap. La bioéconomie est à la traîne par rapport à de nombreux autres secteurs en ce qui concerne les taux d’emploi de ces groupes. Nous devons mettre l’accent sur la diversité et l’inclusion.

Nous devons également sensibiliser davantage les étudiants et les jeunes aux possibilités de carrières bien rémunérées, gratifiantes et enrichissantes dans ce domaine émergent.

Enfin, la bioéconomie a besoin de beaucoup de personnes dans des rôles non scientifiques, tels que des préposés au traitement des dossiers en première ligne, des vendeurs, des spécialistes du marketing, des spécialistes RH et des administrateurs. Par conséquent, il sera également important pour les employeurs de la bioéconomie d’élargir leur réseau de recrutement pour inclure des talents d’autres secteurs dont les compétences pourraient être utilisées ou recyclées dans des postes de première ligne ou de gestion au sein de la bioéconomie.

Le défi de fabriquer des vaccins au Canada peut sembler intimidant, mais le Canada l’a déjà fait. Nous avons de solides antécédents en matière d’innovation et de développement de vaccins, notamment lorsque nous avons aidé à commercialiser mondialement le vaccin contre la poliomyélite dans les années 50. Notre grand espoir est que notre capacité à former les talents puisse également aider à combler les besoins dans d’autres sous-secteurs, comme la recherche bio-industrielle, l’agrobiotechnologie, les dispositifs médicaux et les cellules souches, qui pourraient tous en bénéficier.

Pour peu que les principaux intervenants — gouvernements, entreprises et établissements d’enseignement — travaillent en étroite collaboration, il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas retrouver notre indépendance vaccinale et rétablir notre rôle de leader dans la production de vaccins.

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Rob Henderson, président et chef de la direction, BioTalent Canada